Interview - QVT et Arrêts de Travail

Parce que les bienfaits de la Qualité de Vie au Travail sont souvent appréhendés de façon qualitative, il nous a semblé intéressant de partager un point de vue plus quantitatif de la santé des collaborateurs avec l'éclairage de Julien Remy, chargé de clientèle Grands Comptes chez Gras Savoye.

 

Comment définiriez-vous aujourd’hui le rôle de l'entreprise dans la prévention et la couverture santé de ses salariés ?

Historiquement, l’entreprise a focalisé son action sur la mise en place d’une assurance santé et prévoyance, souvent dans une logique d’attractivité et de dialogue social. Cette couverture assurantielle est essentielle, puisqu’elle permet au salarié et à sa famille de payer les soins dont ils ont besoin, et de limiter l’impact de risques moins fréquents mais critiques (décès, invalidité, etc.).

Cependant, plusieurs tendances parallèles viennent quelque peu bousculer ce système bien installé :

  • Le changement de paradigme sur la couverture santé : la fin du « tout est couvert ». La responsabilisation des citoyens devient une problématique nationale.
  • Les évolutions réglementaires actuelles : elles rendent l’assurance maladie complémentaire à la fois obligatoire, plus encadrée, et moins avantageuse fiscalement.
  • Des risques nouveaux ou accentués : risques psychosociaux, dépendance, maladies longue durée, etc.
  • Une prise de conscience progressive mais générale de l’importance des conditions de travail et du bien-être au travail, pour le salarié bien sûr mais aussi pour l’entreprise et son efficacité.

Dans ce contexte, la question se pose du rôle de l’entreprise dans la santé et le bien-être de ses salariés. Peut-elle se limiter au financement d’un régime de frais de santé et de prévoyance, couvrant les risques a posteriori ? Ou ne doit-elle pas essayer d’anticiper ces risques, en travaillant sur les conditions de travail, la prévention, etc. ?

 

Quel lien peut-on faire concrètement entre la Qualité de Vie au travail et le sujet des assurances collectives ?

Les risques psychosociaux sont la deuxième cause d’arrêt de travail, représentant plus d’un quart des arrêts. Ils constituent par ailleurs un facteur aggravant des autres motifs d’arrêts, et sont souvent la cause principale d’une hausse brutale de l’absentéisme au sein d’une organisation.

En dehors de l’impact opérationnel qu’ils peuvent avoir, les arrêts de travail pèsent aussi lourdement sur le régime de Prévoyance, tant par les indemnités qui doivent être versées que par les provisions que doit constituer l’assureur pour tout arrêt ouvert. On estime aujourd’hui qu’éviter un arrêt fait économiser en moyenne 30 K€ sur le régime de Prévoyance, aujourd’hui largement à la charge de l’employeur.

 

Auriez-vous un conseil a donner aux entreprises pour avancer sur ce sujet ?

Il est aujourd’hui difficile de se positionner sur la question de la prévention et de la maîtrise des risques humains, face à une offre très large, dispersée chez de nombreux acteurs, et finalement peu lisible.

De notre point de vue, le point clé est dans l’identification des risques propres de l’entreprise, permettant de mettre en place les dispositifs adaptés pour y répondre, plutôt que de mettre en place une démarche de prévention générique. Des démarches d’ampleur modérée peuvent ainsi générer des résultats importants, du moment qu’elles sont ciblées et pilotées.

 

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