Chômage partiel et estime de soi

 

par Sylvie Maingraud, coach certifiée et expert Ma Vie en Mieux 

L'actualité du COVID-19 se traduit pour de nombreux salariés par une mise en chômage partiel aussi soudaine qu'inattendue. Le choc de cette nouvelle, ajouté à celui du confinement, peut affecter notre estime de soi et être générateur d'un mal-être plus ou moins profond.

Regarder de plus près nos besoins de valorisation peut être un premier pas pour y répondre autrement et pouvoir aller mieux.
 

 

Il y a ceux que le chômage partiel a touché dès le début du confinement parce que leur activité s’est arrêtée ou a été fortement ralentie (restaurants, hôtels, commerces non essentiels, lignes de production,…). Et il y a ceux qui ont commencé à télétravailler, à s’adapter à de nouveaux outils et modes de travail, à la double vie à la maison, et qui ont appris au bout de quelques jours ou semaines que leur poste passait en activité partielle, parfois à 100%. Le choc est d’autant plus violent qu’il n’y a pas d’impossibilité technique à poursuivre le travail.

Les personnes que j’accompagne dans ce contexte font face à un fort sentiment de dévalorisation et de perte de sens par rapport à leur travail : ce chômage leur renvoie l’image que leur poste, en période de crise, n’est pas vital, pas assez utile aux yeux de leur employeur pour être poursuivi. Pour peu que ces personnes se soient fortement investies au fil du temps et au début du confinement, ou que des collègues ne soient pas logés à la même enseigne, elles peuvent vivre cette décision d’inactivité forcée comme un manque de reconnaissance particulièrement injuste. Ces sentiments peuvent ainsi créer un malaise, voire un mal-être, qu’il est important d’écouter pour pouvoir aller mieux.

 

UN CONTEXTE QUI MET A MAL L’ESTIME DE SOI

Il se trouve que le contexte du confinement associé à du chômage technique crée des conditions défavorables à l’estime de soi et qu’il n’est donc pas anormal de sentir vaciller nos repères. Will Schutz, psychologue américain, a décrit dans son livre « The Human Element : Productivity, Self-Esteem and the Bottom Line » (1994) les 3 besoins qui nourrissent l’estime de soi et qui peuvent, dans la situation actuelle, être mis à mal.

Le 1er besoin est celui de se sentir important, de compter, d’avoir de la valeur. Pour le combler, nous recherchons l’inclusion, le fait de faire partie d’un groupe, d’un collectif dans lequel nous sommes essentiels. L’appartenance à un collectif de travail contribue à nourrir ce besoin. Aussi l’isolement soudain, le sentiment d’exclusion qui va souvent avec, peuvent remettre en cause l’importance que nous pensions avoir et donc nous dévaloriser.

Le 2ème besoin est celui de sentir compétent, à la hauteur de la situation, capable de faire face à ce qui nous arrive. Pour le combler, nous cherchons à contrôler ou à influencer notre environnement. Tâche qui s’avère particulièrement compliquée dans un contexte de confinement où tant de choses nous sont imposées et quand nous n’avons plus notre mot à dire dans le cadre des fonctions que nous occupions jusque-là.

Le 3ème besoin est celui de se sentir sympathique, digne d’être apprécié, voire aimé par les autres. Pour le combler, nous recherchons des relations approfondies, nous avons un comportement d’ouverture. Le travail peut apporter des marques de sympathie, d’attention qui contribuent à notre estime de soi et qui peuvent nous manquer cruellement si elles disparaissent du jour au lendemain.

 

PISTES POUR MIEUX VIVRE CETTE NOUVELLE SITUATION

Passé le choc de la mise en chômage technique, et la sidération qui va avec, il peut être utile de dissocier au maximum nous, ce que nous sommes, de notre fonction dans l’entreprise ; et de se demander comment nous pourrions couvrir autrement nos besoins de valorisation. Par exemple, nous pouvons :

  • Réfléchir à un groupe dans lequel notre contribution pourrait être utile et le faire exister par des contacts réguliers : quelques amis, un collectif de voisins, un groupe de parents,… et ainsi retrouver de l’inclusion.
     
  • Identifier, dans notre contexte, ce sur quoi nous pouvons avoir prise et nous y consacrer pendant le confinement : cuisiner, lire, jardiner, passer du temps de qualité avec ses enfants, travailler son réseau, réfléchir à ses prochaines étapes professionnelles,… et ainsi retrouver un sentiment de contrôle.
     
  • Se rapprocher de ceux qui nous apprécient et dont le quotidien a pu nous éloigner : des amis d’enfance, des relations lointaines que l’on n’a jamais eu le temps d’approfondir, des anciens collègues ou même des collègues actuels dans un format différent de celui du travail… et ainsi s’ouvrir de nouveau à l’extérieur du foyer.
     

Être affecté par un chômage partiel en période de confinement est donc de l’ordre du normal. L’important est de dépasser le choc de cette nouvelle réalité en reprenant la main sur ce qui dépend de nous. Et en gardant en tête que nous avons tous hérité de la capacité millénaire de l’être humain à s’adapter aux changements !
 

 

Sylvie Maingraud, Coach certifiée et expert Ma Vie en Mieux

 

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